« Allons ! Enfants de la Patrie ! Le jour de gloire est arrivé !… » Ainsi débute l’hymne national de la France aujourd’hui connue sous le nom de « La Marseillaise ». Et pourtant, le contenu de ce célèbre chant d’exhortation n’a vraiment rien à voir avec la cité phocéenne dont il tient le nom. Sauf pour ceux qui connaissent un peu l’histoire des évènements de la Révolution qui ont secoué la patrie de Descartes.
Il était une fois, la France en pleine Révolution
Chantées pour la première fois chez Dietrich, le maire de Strasbourg, les paroles de « La Marseillaise » exhortent au combat contre la tyrannie et l’invasion étrangère. Son histoire remonte à 224 ans, dans la nuit du 25 au 26 avril. On était alors en 1792, la période de la pleine Révolution faisant suite à la déclaration de guerre de la France à l’Autriche. Pour galvaniser et regrouper les troupes, un poète, alors capitaine du génie en poste dans la ville, met sa plume au profit d’un chant guerrier révolutionnaire. Ainsi, voit le jour le « Chant de guerre pour l’armée du Rhin » dont les six couplets ont été écrits par Claude Joseph Rouget de Lisle.
La composition faite par le Jurassien sera ensuite reprise par la garde nationale de Marseille. Cette dernière lui donna le nom de « Chant de guerre des armées aux frontières ». En août 1792, pendant la révolte contre la monarchie constitutionnelle à Paris, les fédérés de Marseille viennent apporter leur aide aux révolutionnaires. Au cours de l’insurrection qui se solde par la prise du Palais des Tuileries et l‘abolition de la monarchie sous Louis XVI, ils entonnent ce chant. Un septième couplet, dont l’auteur reste à ce jour inconnu, sera d’ailleurs ajouté à ce moment. En l’honneur de leur sauveur, les Parisiens rebaptisent le « Chant de guerre des armées aux frontières » en la « Marseillaise ».
Du chant patriotique à l’hymne national français
Face à son succès, « l’Hymne des Marseillais » est retenu comme celle de la nation française le 14 juillet 1795. Ce décret de la convention sera respecté jusqu’en 1804, sous l’avènement de l’Empire et la Restauration de Napoléon Ier. La chanson sera alors interdite, retirée puis remplacée par le Chant du départ avant d’être reprise lors de la Révolution des Trois Glorieuses en 1830. Une orchestration dédiée à Rouget de Lisle en sera d’ailleurs élaborée par Berlioz. Il faudra toutefois attendre 1879 pour que la Troisième République adopte la « Marseillaise » comme l’hymne national officiel de la France.
Là encore, on était encore loin de l’adaptation aujourd’hui jouée dans les cérémonies officielles. En effet, il existait plusieurs versions écrites et chantées de l’hymne. Il en fallait donc une officielle pour éviter le désordre musical lorsque plusieurs formations se réunissaient. C’est ce que fera huit ans plus tard le Président Valéry Giscard d’Estaing en souhaitant une exécution plus proche des origines de l’œuvre. Cette version plus lente de 1887 sera alors adoptée par le ministère de la guerre en prévision de la célébration du Centenaire de la Révolution.
La « Marseillaise » sera finalement imposée comme l’hymne national par l’article 2 des constitutions de 1946 et de 1958. Mais bien avant cela, une circulaire du ministère de l’Education nationale publiée en septembre 1944 recommandait de la faire chanter dans les écoles. Elle célébrera alors la libération de la France ainsi que ses martyrs. Voici donc pourquoi l’hymne nationale de
la France s’appelle La Marseillaise
Quant à l’auteur, Rouget de Lisle, après une brève carrière militaire, il sera sauvé de la Terreur par le succès de son chant. Il vivra néanmoins dans l’ombre sous l’Empire et la Restauration jusqu’en 1836, l’année de son décès à Choisy-le-Roi. Ses cendres ne seront transférées aux Invalides que le 14 juillet 1915.